Dre Huard Lorinde, Médecine de la douleur SSIPM, FIPP, CIPS, Anesthésiologie FMH
Les lombalgies sont des douleurs situées entre le bas de la cage thoracique et la région glutéale pouvant entraîner des irradiations douloureuses aux membres inférieurs. Les lombalgies chroniques sont la première cause d’invalidité dans le monde. Elles seront présentes chez 4 personnes sur 5 au cours de leur vie ; avec une prévalence accrue autour de 50 ans. Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire et individualisée.
Fréquemment, les lombalgies sont communes et n’ont pas de critères de gravités. On parle de lombalgies chroniques au-delà de 3 mois. Entre 6 semaines et 3 mois, il s’agit de lombalgies subaiguës et leur prise en charge doit être rigoureuse afin de lutter contre la chronicisation des symptômes.
L’anamnèse est primordiale lors d’une consultation pour des lombalgies afin d’éliminer les drapeaux rouges (âges extrême, altération de l’état général, contexte oncologique, infectieux, systémique, traumatique, déficits neurologiques etc.).
Un examen clinique rigoureux doit compléter l’anamnèse à la recherche d’une étiologie (radiculalgie, radiculopathie, discopathies, syndrome facettaire, syndrome des articulations sacro-iliaques, contractures musculaires etc.) mais également de signes d’hyperlaxité, de points d’appel de pathologie rhumatismale systémique ou encore de douleurs référées.
L’IRM rachidienne est indiquée en cas de drapeaux rouges ou en cas de lombalgies prolongées afin d’affiner le diagnostic. Nous devons cependant garder à l’esprit, lors de son interprétation, que la prévalence des troubles dégénératifs asymptomatiques est de l’ordre de 80% passé 60 ans. Pour cette raison, seule la corrélation radioclinique doit être prise en compte.
Pour s’affranchir de ces facteurs confondants, nous effectuons des blocs tests diagnostiques infiltratifs.
Les thérapeutiques seront variables selon les étiologies mais la physiothérapie et les traitements médicamenteux de première intention (anti inflammatoires et paracétamol) restent les premières étapes du traitement.
La physiothérapie permet de lutter contre la kinésiophobie qui perpétue les douleurs chroniques. De plus, elle diminue les risques de déconditionnement musculaire qui majorerait les lombalgies. La pratique de sport ciblant les muscles paravertébraux et la sangle abdominale tels que le yoga et Pilate sont indiqués. Les activités sportives d’endurance sont également recommandées. Par la suite, des antalgiques plus importants peuvent être nécessaires. Les opioïdes ne sont pas le traitement de première intention sur les lombalgies (hormis pour les lombalgies d’origine cancéreuses).
Les douleurs sont souvent d’allure inflammatoire, mécanique mais également possiblement neuropathique en cas de radiculopathie, canal lombaire étroit, syndrome post laminectomie, syndrome douloureux régional complexe et autres.
Les douleurs neuropathiques peuvent être soulagées par des médicaments adaptés pour ce type de douleurs. Nous proposons le recours à des techniques de neuromodulation électrique avec l’usage d’appareil transcutané ou pouvons proposer des thérapeutiques plus invasives tels que des électrodes de neurostimulation au niveau de la colonne (racine nerveuse ou moelle)
Une pompe intrathécale pourrait être une thérapie pour certaines situations de lombalgies compliquant, par exemple, des lésions osseuses métastatiques tout en considérant l’espérance de vie du patient.
Comme pour toutes douleurs chroniques, l’évolution des lombalgies est impactée par le modèle biopsychosocial du patient. Ce dernier prend en compte le vécu du patient et le retentissement physique et psychique de la douleur sur la sphère professionnelle et les relations sociales. C’est ainsi qu’un état dépressif, anxieux, un catastrophisme, des conflits assécurologiques, sont des facteurs de chronicisation et d’intensification des douleurs.
Des questionnaires démasquant ces drapeaux jaunes et noirs sont remplis par le patient, à l’institut, avant la première consultation.
A l’Institut Suisse de la Douleur, nous adoptons une approche multidisciplinaire et des colloques quotidiens entre les différents acteurs de soins nous permettent d’échanger sur ces aspects, optimisant la prise en charge individualisée de chaque patient.